□ Personne ne se retrouve à Moscou par hasard, encore moins aujourd'hui. Raconte-moi, comment es-tu arrivé ici ?
Mon père est originaire de Moscou. Il est venu travailler à Berlin Est, il était de ces types qui gardaient le Mur. Il est profondément communiste, ça lui fait un point commun avec ma mère, une jolie allemand qui a très bien vécu la RDA. Quand le Mur a été détruit, un jour avant ma naissance, ils ont pris la décision de rentrer en URSS. Ils ne voulaient pas du capitalisme de l'Ouest, des Américains. J'ai donc passé toute ma vie à Moscou. Je ne l'ai que très rarement quittée.

□ Comment as-tu été infecté ? Si tu ne l'es pas, as-tu peur que cela t'arrive un jour, ou au contraire as-tu envie de te transformer ?
Comme tous les Sigmas, j'ai accepté de tester l'antivirus. Vous savez, j'aime énormément mon pays. Je suis totalement vouée à la cause russe. Alors je me suis dit que servir de cobaye serait une bonne chose. Je me sens très conne maintenant. J'avais pas besoin de ça. Je suis riche, connue. C'est peut-être ça d'ailleurs. Je voulais donner un exemple au peuple, montrer que j'étais autre chose qu'une pourriture de politicienne et d'actrice trop gâtée et que je voulais m'investir physiquement. Ça m'apprendra.

□ Quels sont tes pouvoirs ? Comment les as-tu découverts ? Si tu n'en as pas, quels pouvoirs aimerais-tu posséder ?
D'une manière un peu scientifique, on appelle ça la rétrocognition et la précognition. Couramment, on appelle ça voir dans le passé et l'avenir. Mais je ne suis pas une des ces voyantes cinglées dans leur roulotte qui lisent dans leur boule de cristal en invoquant le grand Raspoutine. J'ai des visions parfois, de brefs flash, qui me collent un mal de tête abominable. Ça m'arrive quand je touche un objet ou une personne. J'ai un aperçu de ce qui leur est arrivé avant. Ou après. Je n'ai pas encore réussi à apprivoiser ces visions et il faudrait que je m'y mette un jour.
Je m'en suis rendue compte quand un de ces scientifiques défaillants m'a soulevée, quand j'étais "morte". J'ai vu un fragment de son enfance. Je ne sais plus du tout ce que c'était, je me souviens juste de la nausée que j'ai eu juste après et d'être retombée dans les ténèbres. C'est un peu moins violent maintenant, et plus clair. C'est bon signe.

□ Tu détiens le pouvoir de retourner dans le passé et d'y changer une chose, une seule, qu'est-ce que ce serait ?
Tu acceptes si je te dis que je ne veux rien changer ? Bon. Ce n'est peut-être pas entièrement vrai. Mais je pense que rien n'arrive par hasard et que tous les choix et les évènements ont un but et une conséquences précis. Ce serait mal de changer les actes car ça déséquilibrerait le futur entier. Toutes les choses sont bonnes, même celles qui paraissent mauvaises.
Enfin, si je devais vraiment changer quelque chose, je ferais en sorte que le Mur n'ait pas été détruit. Que la RDA soit toujours en place. Car même si je ne les ai pour ainsi dire pas connus, je sais que l'Allemagne de l'Est et son socialisme manquent énormément à mes parents et j'aurais voulu leur faire ce cadeau.

□ Quelle est ta plus grande peur ? La chose qui dresse tous les poils de ton corps, la chose qui te fait dégouliner à en inonder le planché ?
C'est certainement niais mais bon, d'après l'idée générale, c'est une chose de femme, alors…
J'ai peur de finir seule. De ne pas me trouver de partenaire, ne pas fonder l'espèce de petite famille parfaite qui semble si repoussante pour certains mais tellement rassurante pour moi. De ne plus avoir d'ami, aussi.
Ces préoccupations sont énormément futiles par les temps qui courent. Je devrais peut-être avoir peur de ce futur là, de mes nouveaux pouvoirs et de ce que le gouvernement est en train de magouiller. J'en ai peut-être inconsciemment trop peur pour y réfléchir, qui sait ?
□ Tu as une dernière chose à m'avouer ? Une petite confession ? Une petite anecdote croustillante sur ta vie ? Rassures toi, avec moi tes secrets sont bien gardés.
Contrairement à beaucoup de célébrités, je n'ai pas envie d'étaler des détails croustillants de ma vie. Je ne vais pas vous parler de mes célèbres coucheries ou de mes dérapages personnels. Je me dois d'avoir une image propre et irréprochable.
Je peux cependant avouer que je suis une vraie fouine. Dès qu'on me parle de quelqu'un ou de quelque chose je suis obligée de faire des recherches immédiates sur Internet. J'emmagasine alors le plus de connaissances possibles sur la choses et m'en sert forcément plus tard. À bon escient, bien entendu.
J'ai aussi tendance à me servir de mon physique avantageux pour parvenir à mes fins.

Pseudo : Brundlefly Prénom : Justine Âge :14 ans (j'espère que ça ne pose pas de problème parce que je vois que vous avez tous autour de la vingtaine)Région : Centre Où avez-vous trouvé le forum ? : Sur FB ! Vos avis dessus ? : Très beau, très original et très intéressant, peut-être un peu compliqué au début. Fréquence de connexion : Tous les jours. Niveau de rp : J'en ai fait un peu il y a trèèès longtemps donc je suis débutante. Personnage inventé ou Scénario ? : Inventé. As-tu pris connaissance du règlement et t'engages-tu à le respecter ? Évidemment ! Un dernier mot ? : J'ai hâte que la première intrigue arrive enfin !

Il y a eu cet engouement frénétique. Ce flot de personnes qui se pressaient contre la pierre grise. Des ordres aboyés. Puis le chaos. Mais un joyeux chaos. Et la pierre se fissurant, les gens hurlant, se ruant, s'embrassant. Papa disait que l'euphorie était palpable et qu'elle se ressentait dans l'air de toute la ville, ce fameux 9 novembre 1989. Je suis née dans la nuit qui a précédé cet évènement historique. Papa y voyait un signe de renouveau. Il sentait qu'une nouvelle vie commençait pour lui, pour Mama et pour des milliers de personnes. J'étais le bébé de la chute du Mur de Berlin.
C'était son mur, à Papa. Il le chérissait beaucoup. Il avait l'impression que c'était son œuvre à lui. Il a passé six années de sa vie à l'arpenter, à le surveiller, à le protéger, son Mur. On pense que tous les Berlinois détestaient ce monstre de pierres. Mais Papa et Mama, et beaucoup de communistes et socialistes, le voyaient comme la barrière les protégeant du capitalisme de l'Occident.
Miroslav Rakovitch, car c'est ainsi que s'appelle mon père, venait tout droit d'URSS. Après avoir fait une carrière honorable dans les forces de l'ordre, il a été envoyé en RDA afin de devenir une des sentinelles du Mur de Berlin. Il pouvait parler du Mur pendant des heures et de l'ingéniosité des Soviétiques qui déployaient des moyens ultra bien pensés afin de ne permettre à aucune personne mal avisée de passer de l'autre côté du Mur. Ce sur quoi il ne s'étendait pas, par contre, c'était bien sur ces personnes mal avisées. Je lui ai demandé plusieurs fois s'il en avait déjà tué une. Il ne m'a jamais répondu, il s'enfonçait simplement dans son mutisme et dans une sorte de colère sourde. J'ai pris ça pour un "oui".
C'est dans ce contexte qu'il rencontra donc ma mère, Katrin Dzack. Ils m'inculquèrent vaillamment, à deux, les bonnes valeurs communistes.
Nous sommes partis à Moscou deux mois après la chute du Mur. Manque de chance, l'URSS que mon père adorait tant s'effondra elle aussi deux ans après notre arrivée.
J'ai tout de même grandi à Moscou. J'ai eu une enfance heureuse, le salaire de mon père étant bien assez suffisant pour nous faire vivre tous les trois dans un milieu plus que confortable. Il m'a inscrit au théâtre et c'est donc là qu'on s'est rendu compte de mon potentiel de comédie. C'est ainsi que je devins une des actrices russes les plus connues, une activité que je délaisse parfois pour m'impliquer à fond dans la politique, un "passe temps" qui a pris de plus en plus de place dans ma vie.
J'ai tourné mon premier film lorsque j'avais quinze ans. Une petite apparition qui me valut quand même l'attention d'un réalisateur important qui me fit tourner dans plusieurs de ses films. Cela me donna une certaine reconnaissance auprès du public russe, puis international. Je pense bénéficier d'une bonne notoriété à présent, dont je me suis servi pour mes desseins politiques.